Le biotope du pommier

Le pommier commun malus communis partage le
même biotope que son homologue forestier, le pommier sylvestre malus sylvestris dont certaines espèces cultivées sont issues.
Le pommier vit en moyenne 70 ans et peut atteindre les 100 ans localement. Il fructifie bien jusqu'à 30 ans.
La chênaie-hêtraie claire correspond à son environnement forestier, et plus spécifiquement leur situation en haie fruitière, en fruticée ou dans une clairière.

Les espèces de malus, prunus et de pirus partagent le même biotope. Pommier sauvage, pommier commun, poirier sauvage et poirier commun affectionnent les mêmes plantes compagnes. Ainsi que le cognassier, Cydonia oblonga, que l'on surnomme la pomme de Cydonie ou la poire de Cydonie. Le néflier d'Europe partage aussi une écologique similaire.


















erratum 4:39 germandrée mélampyre des prés


+ la vidéo des résultats de la régénération d'un pommier cultivé est tournée, montage en cours.




Le biotope du pommier européen
LA FUTAIE CLAIRE et LA FRUTICEE

phytotype de référence de pommier: le biotope du chêne sessile et du bouleau pubescent

ARBRES: Pommier sauvage, pommier sylvestre, aubépine monogyne, chêne pédonculé, chêne sessile, prunellier, charme, hêtre, érable champêtre, aubépine épineuse.
ARBUSTES: Noisetier, aubépines sp., troène, cornouiller sanguin, chèvrefeuille des bois, viorne lantane, bourdaine.
LIANES: lierre grimpant, chèvrefeuille des bois.
HERBACEES: germandrée scorodine (jaune), fougère aigle.
GRAMINEES: brachypode des bois.
COUVRESOL: anémone des bois, fougère aigle.
NFP: -


article en cours d'actualisation
ERRATUM 2014
Les arbres et arbustes:
En moyenne, les arbres à baies sont majoritaires avec 9 espèces sur 22,  puis les arbres à noix, glands, faines, samares représentent 6 espèces sur 22 et les arbres fruitiers 3 espèces sur 22.  D'autres arbres fruitiers et forestiers écologiquement similaires sont susceptibles de partager ce biotope: le merisier, le poirier, le sorbier torminal, le bouleau, le tilleul à petites feuilles, et le cynorhodon; tous produisent une graine ou un fruit comestibles très appréciés de la faune.
Le pommier s'associe fidèlement à d'autres variétés de pommiers (69%), aux noisetiers et à l'aubépine monogyne (62%), aux lierres grimpants (55%) directement ou indirectement (sur le tronc voisin d'un arbre ami ou sur son propre tronc). Le chêne pédonculé, le cornouiller sanguin et le troène sont souvent présents ( à +/-45%).

La présence des pommiers dans la végétation peut varier entre 10% et 50% maximum (abondance dominance 2-4). Le noisetier est l'arbuste le plus présent, avec une occupation du sol entre 25% et 50 minimum! Les autres espèces dominantes qui partagent les mêmes caractéristiques du milieu sont le lierre grimpant présent au minimum entre 25% et 50% minimum dans la végétation (abondance dominance 3-6 et 4-6), le muguet à +30% (abondance 3-6), l'aubépine monogyne à +10% (abondance 2-6) et le rosier des chiens +10% et moins de 75% de la végétation (abondance 2-5).
(*seuil d'abondance domnance 1=>10%, 2=<10%, 3=<25%, 4=<50%,5=<75%,6=100%).

Les pommiers privilégient la répartition large sur un terrain pour leur reproduction, pour diversifier leur génétique et limiter ainsi les hybridations. Ils choisissent d'ailleurs des partenaires disséminateurs comme le sanglier, la blaireau ou le renard qui peuvent emmener loin leurs graines. Les pommiers poussent au milieu d'espèces mellifères précoces, comme le noisetier, et le muguet, très odorant, pour assurer la permanence des abeilles dès le début du printemps.

+d'infos sur le polymorphisme chez les angiospermes "Vive la diversité chez les angiospermes"

Le système racinaire du pommier est peu compétitif. Avec l'aubépine et le rosier, le pommier à un système racinaire "souple", à la fois superficiel et pivot, qui tolère bien la présence d'autres espèces. Les racines se fraient un chemin dans des sols sableux ou rocheux à faible coefficient de cohésion. Il a une excellente tolérance au froid, et peut pousser jusque dans les sphères alpines en adaptant sa taille. Ses pommes et ses qualités nutritionnelles augmentent d'ailleurs avec l'altitude et les conditions climatiques montagnardes.
Les graminées:
Une graminée représentative est le brachypode des bois, c'est une graminée vivace. La brachypode des bois est une plante pionnière et très ubiquiste, il existe des variétés champêtres et sylvestres. Pour les graminées, elles dépendent surtout du terrain; vous trouverez donc une graminée fidèle à la composition de votre sol et la situation de votre terrain (champêtre, sylvestre, montagnard, maritime, océanique etc). En forêt de plaine, nous avons trouvé beaucoup de millets des bois par exemple car la chênaie-hêtraie où nous allons a un sol plutôt calcaire et humide, ombragé ou clairsemé, typique des hêtraies de la région. C'est aussi une graminée vivace.

les couvre sol:
Pour les couvresols, le sol est couvert par l'anémone des bois en sous bois, la fougère aigle dans les zones exposées et la germandrée scorodoine sur l'ensemble du terrain; localement, la petite pervenche peut aussi jouer ce rôle tout comme le lierre.


Les herbacées:
La germandrée des bois, ou germandrée scorodine, aussi appelée "sauge des bois", est une plante aromatique compagne des chênes notamment. Elle se reproduit par stolons (multiplication végétative) et par semis; elle est caractéristique des sols siliceux, acides, secs et des zones claires, souvent pauvres, comme la fougère aigle. On trouve beaucoup de germandrées dans le bassin méditerranéen. Elle fleurit de juillet à octobre; ses feuilles ont un léger goût d'ail; elle est de la même famille que les lamiers, les sauges, les menthes et les lavandes. On peut aussi trouver de la mélampyre des bois.

Pommier cultivé dans un verger en friche en Auvergne (750m) au milieu des fougères aigles. en transition vers la forêt.
>>> On remarque que les herbacées sont des plantes bio indicatrices de sols siliceux, secs et souvent pauvres. Elles occupent le terrain de manière dominante et peuvent aussi jouer le rôle de plantes couvre sol.
La fougère aigle est plus atypique. Elle colonisent des surfaces sur exposées comme les clairières avec des sols siliceux souvent instables. Leur système rhizomateux fixent le sol.

Elles sont bio indicatrices d'un sol siliceux sec et drainant en surface, mais avec une bonne humidité en profondeur, à 1 ou 2 m maximum. On peut donc aussi la trouver relativement près d'une source d'eau.

En été, elles développent des grandes frondes de plus d'1m50 puis fanent. On les trouvent aussi en bordure forestière où elles peuvent atteindre plus de 2m de haut en bénéficiant d'un support.

En automne, les feuilles sèches recouvrent le sol d'une épaisse litière rousse sur presque 20 à 50 cm. La fougère aigle protège beaucoup de sol montagnards en formant une telle litière.

La composition des fougères est répulsive pour les acariens et les gastéropodes et la majorité des mammifères. Elle est utilisée dans les litières des poulaillers par exemple pour éloigner les rongeurs et les puces. les feuilles développent de l'aquilide A dès que la photosynthèse est activée, elle serait mutagène et potentiellement cancérigène. Le bétail qui consomme les feuilles de fougères au delà de 2kg par jour développent une maladie mortelle, la pétrédie (du nom de la fougère) ou hématurie chronique. Les feuilles, les tiges et les racines contiennent une hétéroside cyanogénétique toxique. Et une enzyme, la thiaminase; elle agit comme une anti-thiamine qui détruit la vitamine B1 dans l'organisme.

Une des applications en permaculture, c'est de composer des buttes et des mulchs de fougères avec les légumes sensibles aux limaces et aux rongeurs. Vous pouvez aussi cultiver des légumes racines au milieu des fougères aigles, en régulant un peu le système rhizomateux des fougères, ou tout simplement directement dans la litière des feuilles au printemps ou en automne, comme un paillis. Les fougères ont aussi une autre fonction: elles activent la germination des graines.

les fixateurs d'azote:
Dans le biotope du pommier, il n'y a d'ailleurs pas d'association préférentielle avec un fixateur d'azote. Mais il en apprécie la présence. Ce qui nous indique que c'est un arbre peu exigeant.
Ils tolèrent des sols pauvres et la non présence de fixateurs d'azote. Ils se développent encore mieux en leur présence: houx, genêt à balais, robinier faux acacia, saule...

>>> La haie forestière et la fruticée sont vraiment les biotopes de référence des pommiers, des poiriers et des prunelliers. C'est un verger sauvage qui correspond au stade de transition de la prairie à la futaie tout à fait représentatif des taillis, avec le prunellier. En regroupant les espèces fidèles à vos pommiers, vous recréez la biocénose associée à votre pommier: faune, flore et fonge, pour les vergers dans une forêt jardin permacole. 

Plus d'infos sur le biotope des morilles
Plus d'infos sur le biotope de la fructicée.
Plus d'infos sur le biotope du poirier.
Plus d'infos sur le biotope du prunellier.

Observations de terrain



Applications en permaculture:
La vidéo des résultats de la régénération du pommier est tournée ! montage en cours

La haie forestière et la fruticée sont vraiment les biotopes de références des pommiers et des prunelliers. C'est un verger sauvage qui correspond au stade de transition de la prairie à la futaie tout à fait représentatif, avec le prunellier, de nos vergers dans une forêt jardin permacole. En regroupant les espèces fidèles à vos pommiers, vous recréez la biocénose associée à votre pommier: faune, flore et fonge.

En permaculture, on choisit prioritairement les espèces adaptées à notre terrain.
Le cas échéant on s'adapte, et c'est là qu'il faut faire preuve d'intelligence écologique plutôt que de force d'ingénierie. La Nature a une formidable capacité d'adaptation et va chercher à créer une cohésion avec environnement qui l'entoure.

Dans un design plus complexe, vous pouvez transposer ces aptitudes et même réaliser des transferts de compétences entre espèces; c'est ce qu'opère spontanément la nature lorsqu'elle cherche à s'adapter à de nouvelles conditions de sol ou de climat. L'essentiel est de recréer une cohésion globale qui tient compte des interactions entre la faune, la flore et la fonge du site. Cette démarche permet au pommier de couvrir un cycle symbiotique sur toute l'année en lien avec la biocénose de son environnement.

Vous pouvez adapter les variétés des familles botaniques en vérifiant leur cohérence en fonction de son rôle et de ses cycles de floraison/pollinisation/fructification en lien avec les animaux. Il y a suffisamment de germandrées sylvestres, champêtres ou alpines par exemple pour trouver celle adaptée à votre terrain. Et d'élargir au fur et à mesure: si aucune germandrée ne correspond, recherchez d'autres plantes dans les lamiacées qui réunissent les mêmes caractéristiques ou des plantes écologiquement similaires.

Pour plus d'infos sur les relations phytosociologiques, consultez notre article "biotope et biocénose de la fruticée", "le biotope des Morilles".
Pour plus d'infos sur la culture synergique et les effets des relations symbiotiques, consultez notre article "Agriculture synergiques: les catalyseurs biologiques".

Les plantes écologiquement similaires des pommiers et des poiriers.
Ces suggestions de plantes fidèlement associées à ces espèces de la famille des Rosacées - subd. pyrus, permettent d'adapter les associations et de les diversifier. Ces caractéristiques s'appliquent aussi au biotope du néflier Mespilus germanica, du poirier à feuilles d'amandier Pyrus cordata et du cognassier Cydonia oblonga, notamment dans le sud-ouest de la FranceEn combinant les plantes écologiquement similaire du pommier et du poirier par exemple on élargie donc le biotope de référence à ces espèces:
phytotype néflier mespilus germanica
phytotype poirier à feuilles d'amandier pyrus cordata
ARBRES: pommier, poirier, néflier, alisier torminal, merisier, prunellier, érable champêtre, charme, chêne sessile, chêne pédonculé, hêtre, tilleul à petites feuilles, saule marsault*, tremble*, châtaignier, bouleau verruqueux, poirier à feuilles d'amandier.
ARBUSTES: aubépines sp., noisetier, cornouiller sanguin, troène, bourdaine, genêt à balais*, viorne lantane, viorne obier, houx*, prunellier (jeune).
HERBACEES: muguet, rosier des champs, rosier des chiens, euphorbe des bois, fougère aigle, ronce, germandrée scorodine, mélampyre des bois, pulmonaire à feuilles étroites, millepertuis élégant.
GRAMINEES: brachypode des bois, canche flexueuse, carex polyrrhiza, (d'autres graminées potentielles).
LIANES: chèvrefeuille des bois, tamier.
COUVRESOL: anémone des bois, petite pervenche, lierre, fraisier des bois.
NFP: genêt à balais, houx, saule marsault, tremble.

Ce sont exactement ces espèces que nous avons pu observer sur le terrain dans la chênaie-hêtraie en Bourgogne.

Vous pouvez donc opter pour le biotope de référence d'une autre espèce qui partage des caractéristiques écologiques similaires. Les espèces soeurs du pommiers sont : le poirier, le néflier d'Europe, le prunellier, le prunier, le chêne pédonculé, le hêtre et le noisetier, voir le cornouiller sanguin.

Élargissez au fur et à mesure selon la flore existante sur votre terrain et vos souhaits de culture: biotope de la fougère aigle, du chèvrefeuille des bois, du châtaignier, du bouleau, de l'alisier torminal etc. Soyez aussi précis que possible; un micrclimat peut se limiter à quelques mètres carrés.

Pour les herbacées par exemple, vous pouvez substituer la pulmonaire à de la consoude ou de la bourrache.

Pour les graminées, elles dépendent surtout du terrain; vous aurez donc plus de chance de trouver une graminée fidèle à la composition de votre sol. En forêt, nous avons trouvé beaucoup de millets des bois par exemple car la chênaie-hêtraie où nous allons a un sol plutôt calcaire et humide, typique des hêtraies. Il est possible de cultiver du riz sylvestre, du millet, du sorgho, voir du maïs.

Cette démarche de phytosociologie appliquée s'inscrit dans la continuité et le respect des stratégies d'évolution des plantes. Elle est en phase avec le principe fondateur de la permaculture qui est: "Travaille AVEC la Nature, et non contre Elle". On n'impose pas tel arbre fruitier, ou on ne transforme pas tel sol donné; on s'adapte avec intelligence et bon sens pour essayer de créer des conditions favorables, adéquates et efficientes.

Dans les espèces qui s'associent fidèlement au pommier, certaines correspondent surement à votre terrain. Si non, acceptez l'idée que votre pommier se porte moins bien voir ne s'adapte pas.

Heureusement, le pommier est très ubiquiste, donc il s'adapte à peu près dans toutes les conditions tant que vous protégez ses racines de l'eau stagnante.

Et puis, il reste toujours les variétés cultivées greffées ou hybrides... mais c'est un autre itinéraire de culture. Pour infos, regardez l'arbre génétique des principales variétés de pommes cultivées à la fin de cet article.

zoochorie
Le pommier est autostérile, il a besoin de la présence d'autres pommiers pour fructifier. De plus, les graines restent dormantes tant qu'elles n'ont pas été digérées par un animal: sanglierchouette ou chauve-souris sont les compagnons privilégiés des pommiers. Les chevreuils et les renards préfèrent les cerises et les prunes, mais il est possible que les pommes fassent partie de leur régime alimentaire occasionnel, notamment lorsqu'elles sont bien mures et flétries sur le sol. Tous les arbres à baies et à petits fruits sont à destination des oiseaux, des chevreuils, des renards et de tous les petits animaux de la forêt, de l'été à l'hiver. Et les noisetiers, aux écureuils.

La geai du chêne est un oiseau au ramage magnifique et au talent surprenant: elle est entre autre capable d'imiter le cri de la buse. C'est une sentinelle; elle donne l'alarme et disposent d'un large spectre de cris d'alerte et de chants amoureux. En automne, elle transporte des glands et des faines dont elle est friande et les enfouit sous la mousse et les feuilles mortes. L'oiseau oublie souvent ses cachettes et participent ainsi à la dissémination des chênes, qui comptent aussi sur les écureuils. Elle est présente en moyenne montagne jusqu'à 1 400m et peut aussi évoluer dans des forêts de résineux mixtes.

La qualité nutritionnelle des pommes sauvages
 
La peau de la pomme sylvestre contient une forte concentration de pectine et une huile essentielle qui lui donne une allure lustrée et un parfum enivrant fort agréable. Il arrive d'ailleurs que les animaux s'enivrent en automne dans les vergers lorsque les pommes tombent sur le sol et fermentent. Les pommes sylvestres sont idéales pour aciduler les jus - à la place du citron par exemple -, parfumer les cidres, les tisanes, les gâteaux, les confitures et préparer d'excellents vinaigres de pommes.

Les pommes sauvages ont la particularité d'être astringentes, acides et âpres mais très parfumées; on peut sentir leur parfum envoûtant à plusieurs mètres. Les sangliers, accoutumés aux tanins des glands du chêne, apprécient cette amertume. La pomme de khazakh qui est dégustée par l'ours à miel au palais sucré; a tendance à être plus sucrée, juteuse et sans amertume lorsqu'elle germe dans les fientes des ours. Les autres restent fades et de moindre qualité gustative comme les européennes. Mais il existe une diversité génétique chez les pommiers, grâce à leur mode de reproduction, qui donne une diversité de saveurs. Certaines pommes sauvages européennes sont agréables et relativement sucrées lorsqu'elles sont bien mûres.
pomme sauvage et cèpe d'été
J'ai observé que les pommiers mycorhizés par des champignons, comme les cèpes, les chanterelles ou les morilles, donnent des pommes plus douces, plus juteuses et de meilleure qualité gustative, entre une golden et une granny smith, le parfum enivrant en plus! Une fois bien mûres, à la fin de l'été, quelques spécimens produisent des pommes douces et juteuses tout à fait agréable à notre palais.

Le pommier sauvage et les ponts mycorhiziens.
Pommier sylvestre mycorhizé
par un cèpe d'été
dans une forêt de hêtres et de charmes.
Lors de mes observations en forêt, j'ai pu remarquer que les pommes provenant de pommiers sauvages mycorhizés par des champignons tel que les cèpesles bolets, les chanterellesles morilles (la morille est mi saprophyte, mi mycorhizienne) et les russules sont plus sucrées, plus juteuses et moins fades. Les champignons ectomycorhiziens ont la particularité d'apprécier le sucre et le carbone et d'accroître les ressources en eau et en nutriments des arbres. 

La symbiose arbre fruitier/champignons basidiomycètes auraient la faculté de stimuler la production de sucre du pommier, au bénéfice du champignon. 

pommier sauvage
et chanterelles ondulées
Les pommes tombées sur le sol libèrent du fructose et de l'alcool par fermentation, dont raffolent le mycélium, notamment des champignons comme le cèpe, les chanterelles, les girolles ou les morilles, à la saveur plus sucrée et de noisette.

le même pommier mycorhizé
avec des chanterelles
Le pommier quant à lui choisirait d'augmenter sa concentration de sucre dans sa sève, ses racines et ses fruits pour développer le réseau mycélien. Et ainsi bénéficier de l'expansion d'eau et de nutriments jusqu'à 10 fois, des antibiotiques du champignon et des essences des arbres hôtes comme le hêtre, le chêne et le charme.

Mais le pommier seul ne peut pas être l'hôte principale des cèpes ou des bolets par exemple, qui s'associent avec les chênes, les hêtres et les charmes. Cette symbiose atypique résulte d'un troc avec le champignon dont l'hôte principal reste une espèce forestière pérenne. On appelle ce phénomène: un pont mycorhizien.
pont mycorhizien dans une forêt mixte d'épicéas, de bouleaux, d'alisiers torminal, d'aubépines, d'érables champêtres
+ Russulacées (ici russule fétide).
aubépine et cèpe d'été
Le champignon peut "imposer" à l'hôte forestier un hôte secondaire d'une autre famille que ses propres congénères comme le pommier, l'aubépine, le prunellier, la viorne ou le noisetier, si leurs ressources en sucre mettent en appétit le fongus. C'est une symbiose tripartite dont tous bénéficient au final.

Dans le cas d'une symbiose mycorhizienne avec les aubépines ou les noisetiers par exemple, ceux-ci poussent quasiment contre le tronc de l'arbre hôte ou sur une racine principale entremêlant leur racines avec celle mycorhizée. Les aubépines mycorhizées se trouvent souvent dans une zone de rencontre triangulaire ou en étoile entre deux, souvent trois ou plus hêtres, charmes ou épicéas par exemple. Il suffit de suivre le chemin d'une racine principale et d'une galerie de taupe pour voir fructifier des champignons au pieds des arbres qui croisent son chemin.

Cette stratégie complexe développée par les fongi lui assurerait aussi sa survie en cas de perte de son hôte principal (comme le hêtre, le charme, le chêne, l'épicéa, le bouleau ou le peuplier): tempête, coupe forestière, incendie, foudre, champignon concurrent, parasitisme, insectes ravageurs... 
noisetier et bolet des charmes

Côté permaculture, en favorisant donc l'association d'espèces forestières boisées et fruitières dans votre verger, vous pouvez favoriser la mycorhization de vos arbres fruitiers de variétés cultivées, et même espérer cultiver des champignons comestibles, grâce aux ponts mycorhiziens. Cette symbiose stimulera les échanges symbiotiques de nutriments, de sucre, de molécules médicinales et d'eau; et encouragera la production de sucre chez vos arbres fruitiers. Champignons et Fruits seront plus sucrés, plus productifs et en meilleure santé!

Ces observations sur les ponts mycorhiziens avec les arbres fruitiers sont en cours et font l'objet de mes recherches de terrain. Il s'agit d'une supposition forte, défendue par d'autres auteurs dans des thèses sur la production de truffes sur des espèces forestières alternatives au chêne vert, comme le noisetier et l'aubépine. Ils préconisent l'introduction d'espèces fruitières sauvages dans le but de développer des ponts mycorhiziens et d'élever le taux de sucre dans le sol et le réseau racinaire à disposition du mycélium et ainsi accroître la production de truffes.

Les champignons potentiels:
alisier torminal
et russule
Voici la liste non exhaustives de champignons comestibles que j'ai pu observer en ponts mycorhiziens potentiels dans les forêt de hêtres, de charmes, d'épicéas et de bouleaux: les cèpes et les bolets, la morille commune, les tricholomes de la St Georges, les girolles, les chanterelles, les trompettes des morts, les pieds de moutons, les amanites des césars, les amanites vineuses, les coulemelles et lépiotes, les russules verdoyantes, russules de romelle, russule belette, russule intègre, vachotte, lactaires délicieux, lactaires sanguins, le tricholome du peuplier, tricholome colombette, tricholome petit gris, les pieds bleus, clitocybe géotrope, hygrophores des bois, hygrophore de l'office, les truffes...

Certains sont ubiquistes cad qu'ils s'associent à plusieurs symbiotes, à plusieurs essences d'arbres; d'autres sont en association stricte avec leur arbre hôte comme le hêtre, le pin, l'épicéa, le bouleau ou le peuplier.

D'autres champignons symbiotiques toxiques ou mortels sont essentiels à l'équilibre comme l'amanite tue mouches, l'amanite panthère, l'amanite citrine, les russules émétiques, les russules fétides, les lactaires de roucou, le lactaire gris à lait blanc, le tricholome sulfureux et d'autres forment souvent des ponts mycorhiziens.
craterelles ondulées et houx

Les espèces fruitières hôtes potentielles sont: le noisetier, l'aubépine, l'églantier, le cornouiller mâle, le pommier, le prunellier, le poirier, la viorne lantane, la viorne aubier, le sureau, l'alisier torminal, le sorbier des oiseleurs, le néflier... la majorité sont tolérants à une situation semi-ombragée sous couvert forestier. Et par extension, le cormier, le cognassier, le kaki et l'asiminier.

J'ai déjà observé des chanterelles mycorhizant les racines d'un houx (qui est un fixateur d'azote) lorsqu'il se trouve dans le système racinaire d'un hêtre hôte. Les bactéries frankia colonisent les racines de l'hêtre et lui transmet de l'azote, mais n'intéresse pas le mycélium qui préfère le carbone et transmet lui de l'azote organique. Cette symbiose mixte permet une multitude d'échanges complexes entre bactéries, mycélium, micro-organismes, et les hôtes fongiques (hêtre et houx). Il est difficile de proposer d'autres informations par la simple observation visuelle; il faudrait des analyses au microscope pour connaître les mécanismes physiologiques actifs chez les partenaires. Mais on ne voit pas de développement supérieur des champignons par rapport aux autres du fait qu'ils colonisent un fixateurs d'azote (les chanterelles sont de la même taille que les autres). L'azote est donc favorable pour l'arbre mais ne semble pas intervenir dans le développement des chanterelles, qui, comme tout mycélium, s'intéresse au carbone et au sucre et pas à l'azote. Il y a donc symbiose mais aussi mutualisme simple.
sureau noir et lépiote élevée



Dans ce partenariat, les limaces et les taupes disséminent les spores, créent des galeries propices à l'expansion du mycélium et des buttes de terre aéré et tamisé légère pour la fructification des champignons. Pour plus d'informations à ce sujet, consultez nos 2 articles "Cultivez avec les taupes" et "Cultivez avec les limaces".

le pommier et la morille commune.

La Morille peut avoir un comportement saprotrophe, semi-parasite ou semi-symbiotique. Dans le cas de la morille, la relation symbiotique directe est observée avec les Pinacées en montagne, notamment le pin sylvestre. La relation semi-parasite, semi-symbiotique est observée avec les frênes, les ormes et les pommiers.

Les morilles apprécient les arbres à la sève sucrée comme le frêne, le pommier, les érables, les bouleaux, les sureaux, les alisiers, les sorbiers, les aubépines, les cognassiers, les néfliers, les kakis etc... et des sèves sucrées riches en terpène (hydrocarbure végétale antiseptique, limonène riche en oxalate de calcium qui donne ce goût citronné) comme le pin sylvestre, le pin tordu, le douglas, le mélèze (sur sol calcaire).

Les espèces maraîchères riches en sucres, en amidon, en huiles végétale les intéressent aussi: pommier, carotte, topinambour, panicaut, betterave, oignons, poireaux, pommes de terres, viornes, rosiers, cacahuètes, noisettes, faines, graminées d'hiver...

Le point commun entre les jeunes compostes, les pommiers abandonnés, les levures, les décharges, les coupes de résineux est la concentration en ferments, en sucres, en amidon, en terpènes et en ammoniac, un dérivé du sucre, qui s’hydrolyse en alcool. Ils offrent des conditions de fermentation en milieu humide.

Les décharges, les immondices, les épandages, les compostes, les fumiers sont aussi des spots privilégiés des morilles, comme d'autres champignons saprophytes comme la pleurote par exemple.

Les pommes contiennent environ 18g de sucres (essentiellement du fructose) pour 100g de pomme en moyenne; ce chiffre varie selon les variétés, le degré de maturité de pommes, leur exposition à la lumière et leur résistance aux fluctuations thermiques. Sachant qu'un arbre de 10 ans produit en moyenne 18 à 30kg de pommes par an et qu'une pomme pèse environ entre 75gr à 275g, avec un optimum de production à 15ans. Prenons un exemple simple, un pommier de 20 ans, produisant 20kg de pommes très mûres de 100g: les pommiers de vergers abandonnés concentrent au pied d'un arbre entre 3,6 kg de sucre potentiel, un verger de 10 pommiers 36 kg de sucre potentiel par an, s'accumulant au fil des années. Pour un verger en plein production, cela peut représenter plusieurs centaines de kilos de sucre. L'ail produit 33g de sucres pour 100g et sont des légumes compagnons des pommiers. On comprend l'affection des morilles à pousser sous les pommiers.

Les autres fruitiers susceptibles de contenir autant voir plus de sucres sont (dans l'ordre décroissant de leur teneur en sucre) : les kakis, les châtaignes, les dattes, les figues, les bananes, les asiminiers, les épines-vinettes, les nèfles, les sorbiers, les cornouillers mâles, les cynorrhodons, les mûriers blanc et noir, les pruniers, les raisins, le sureau noir, la myrtille, les cerisiers, les poiriers, les cognassiers, les framboisiers. les groseilles, les cassis, les cormiers, les pins pignons, les pêchiers, les abricotiers, les melons, les fraises... 

Attention, le mycélium des morilles ne tolère pas la compétition d'un système racinaire invasif, dans ce cas, aménager vos plantations en tenant compte de ce paramètre pour gérer les distances adéquat entre le substrat des morilles et les arbres fruitiers.

+infos sur le biotope des Morilles.

Un peu d'exotisme et de génétique.
Bon à savoir! La majorité des espèces des pommiers domestiques, comme la gala, sont des variétés acclimatées et naturalisées. Ces variétés proviendrait de sélection à partir de la pomme Kazakh, dont elle aurait été le fruit d'échanges commerciaux lors de la route des épices. Une expédition botanique a permis de récolter des pommes de kazakh sauvages, dans une montagne préservée du Kazakhstan, et à fait l'objet d'analyses génétiques.

L'hyper sélectivité des pommes expliquerait la propension plus faible de ces variétés à résister aux maladies européennes.
diagramme génétiques des principales variétés de pommes cultivées
dont deux souches distinctes: Malus sylvestris d'Europe (vert) et Malus sieversii du Kazakhstan (rouge).
Pour plus d'informations à ce sujet, consulter le site de l'association de la pomme de Kazakh.

variétés de pommiers: http://lesbeauxjardins.com/jardinons/fruitiers/arbres/pommiers/botanique.htm

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